dimanche

Under the skin – Notes


Image finale : vue en contre-plongée du ciel, la neige tombant (fondant) sur l’objectif de la caméra (assombrissant l’image temporairement), faisant écho à la montée de la fumée (le cadavre fumant de Scarlett, plan précédent) vers le ciel. Comme un mouvement ascensionnel donc : caméra immobile, flocons tombants, mais sensation (comme pendant le « trip » de 2001), de monter vers le ciel. Hypothèse extra-terrestre validée ainsi : elle retourne d’où elle vient. Effet de symétrie avec le premier plan (un tunnel blanc, grandissant dans le noir – dans le Bardo, à la recherche d’un corps à habiter, incarner. Corps = véhicule)


Et en même temps, souvenir des premier et dernier plans de Lost : un œil s’ouvre, le même œil se ferme. Idée et représentation tellement classique de l’expérience cinématographique – cliché – tellement pure et simple, belle (œil du spectateur, œil de l’objectif).

Revenir sur le noir et blanc. Pas un film sombre, mais un film en noir et blanc. Dualiste, manichéen. La fumée, les flocons dans le ciel : dispersion de cette noirceur dans le blanc du ciel. Comme les corps masculins éclatent baudruches filamenteuses dans la mélasse noire. Yin et yang, masculin-féminin, lumière-obscurité, esprit-matière, etc.

Comme et après Antichrist, Nymphomaniac (pas encore vu en entier toutefois), moins un film d’anticipation, fantastique, d’extra-terrestre, qu’une métaphore, parabole du « mystère féminin » : « Femme n’existe pas », maquillage, miroirs comme révélateurs, femmes interchangeables (toutes les mêmes), elle s'habille avec les vêtements d'une morte, la remplace. Comme un résumé du passage terrestre de la femme. Paranoïa misogyne ? (il y a un "complot féminin"). Le « continent noir » de Freud à la lettre.


Quand elle éclaire son sexe avec une lampe : découvre que c’est « un trou noir » ? Sous la peau blanche, under the skin, l’âme noire de la femme (l’antimatière, ou « la femme n’a pas d’âme »). L’antichrist, c’est la femme, toutes les femmes, liées et liguées (à la fin du film de Lars Von Trier, elles viennent lui faire la peau, elles savent où il est, elles ont des pouvoirs insoupçonnés).



« Continent noir ». L’inconscient, l’hémisphère droit du cerveau, la magie. Film occidental, patriarcal ? Sentiment océanique ? On ne cesse de se noyer ici.

Plans magnifiques : la surimpression de Scarlett endormie avec la forêt ; la surimpression (le brouillage) d’images de la ville et des ses habitants ; son visage caché par les branches et les feuilles. Surimpression (rétinienne), multiplication des informations, brouillage, abstraction.