mercredi

Biology



Pour une fois que j'écris une bio dont je suis content :

« A long time ago, in a galaxy far, far away… ».  Comme en exergue de la trilogie Star Wars de George Lucas, ces mots auraient pu être inscrits au frontispice du grand-œuvre d’Egyptology, The Skies. Bâti bloc par bloc avec d’antiques boites à rythmes et synthétiseurs analogiques, depuis les basses fréquences des fondations jusqu’aux plus hautes qui effleurent les comètes, le vaisseau de haute et ancienne technologie construit par les deux architectes et archivistes Olivier Lamm et Stéphane Laporte pourrait aussi bien être l’illustration sonore d’un récit de science-fiction survenu il y a des milliers et des milliers d'années…

Les deux musiciens parisiens étaient  déjà connus pour leurs explorations post-electronica (O.lamm) ou avant-pop (Domotic) au sein de la communauté musicale née à la fin des années 90 avec les labels Active Supension et Clapping Music (dont Centenaire, groupe auquel participe également Stéphane). Les deux laborantins ont cette fois mis en commun leur amour du bruit blanc et des synthétiseurs vintage (Roland SH101, Roland MC 202, Korg MS10, Korg 700s Mini, Yamaha CS-15, Juno 106, Roland JX3P, Prophet 600, Philicorda…), tout en associant leurs différences : mélodies gracieuses cultivées en savants alambics et « utilisation extensive d'échos à bandes 60’s et de reverbs à ressort » pour le producteur « à l’ancienne » Stéphane, grande culture disco, house, techno et IDM pour Olivier, qui s’exprime largement  à travers les « polyphoniques grassouillets de la première moitié des 80’s », un sens aigu du détail sonore, et l’envie de faire lentement décoller la piste de danse, et tout le bâtiment à sa suite. 

Concoctés en home-studio, ces  savants mélanges émulsionnent donc mélopées scintillantes et poussières de sons synthétiques saturés sur la bande magnétique, comme de nouveaux hiéroglyphes écrits à quatre mains sur un moderne papyrus.  « Il y a une sorte de scénario qui structure l'album. Chaque morceau se retrouve correspondre à un type de séquence de cinéma (poursuite effrénée, errance de nuit, jungle urbaine, documentaire sur les déplacements des dunes, etc.), presque comme dans un disque d'illustration. » Sequel ou prequel musical d’une histoire antédiluvienne ou à venir (le récit de la construction d’une pyramide, d’un vaisseau, d’une arche ?), The Skies harmonise la mémoire des pères électroniques (Joe Meek, Isao Tomita, Mort Garson, Vangelis, le BBC Radiophonic Workshop) avec un regard d’enfant (les génériques 70’s  pour Antenne 2  de Claude Perraudin, Les mystérieuses Cités d’or, Les Maîtres du temps de René Laloux et Moebius), en un trip ascensionnel, moins rétro-futuriste, rétro-maniaque ou nostalgique, que conscient de la coexistence du passé, du présent, et du futur, dans les plus belles épopées. « Les colons de notre histoire, ce sont peut-être nos Pères. C'est le fameux vertige de La Planète des Singes. C'est un sujet vieux comme la science-fiction. Voire vieux comme les mathématiques, et le fameux paradoxe logique d'Achille et la tortue. »

« Retrofitted » comme le design du modèle Blade Runner (conçu selon les principes esthétiques en vigueur 40 ans avant le tournage et 40 ans après, tels qu’on pouvait les imaginer en 1982), The Skies passe au prisme moderniste le passé le plus lointain (l’Ancienne Egypte) et le plus fantasmé (Anciens Astronautes, Illuminati...), à cette distinction près qu’il s’agit de « l'Egypte ancienne par le biais du début du 20ème siècle », expliquent nos deux égyptologues, « d'où sont issus tous les rêves futuristes dont, finalement, les visions semi-utopiques qu'illustraient les disques de Jean-Michel Jarre sont la fin de la queue de comète. ». Moins pompières que Jean Michel Jarre, moins pierres tombales que Daft Punk, les pyramides sonores d’O.lamm & Domotic sont « le résultat d'une sorte de lutte interne entre la fascination pour les sons du passé, leur mystère, leur étrangeté, leur pouvoir d'évocation, et la conviction que la simple re-création de ces sons là est d'une totale inutilité.» 

Ode romantique au futurisme sépia et à la poussière d’étoile qui attend de briller à nouveau, The Skies est donc surtout un album de musiciens, élaborant une musique toute cosmique sur l’«  amour des sons synthétiques eux-mêmes ». Cet amour est le troisième terme qui réunit le duo. 1+1 =3. Trois points équidistants : c’est un triangle, c’est une pyramide.

vendredi

Le triple A : L'Art, l'Autre, l'Amour


Asterios Polyp






"Le Réel de Lacan - Domaine de la Trinité où les choses peuvent être en même temps là et pas là ! C'est un lieu symbolique où jamais aucun humain n'a, n'a eu, ni n'aura accès. C'est un endroit vide et sans fond où, sous le signe de l'éternité, se trouvent représentés en creux l'Unité et l'Infini, comme à l'encre sympathique sur un support d'absence. C'est un trou toujours déjà vide de tout temps dont découle l'efficacité des effets du discours de chacun à condition qu'il ait bien voulu franchir le seuil de la mort (ou castration) symbolique. C'est l'endroit où se trouvent archivés à foison tous les outils nécessaires à l'exercice de l'art. C'est la demeure des trois grands "A". L'Art, l'Autre et l'Amour. On y trouve en nombre infini, toutes les lettres nécessaires à l'écriture d'un roman… Plus vous en utilisez, plus il y en a ! C'est l'endroit où l'infini (comme le hasard) est saisi dans sa négation, comme un infini qu'il n'y a pas. Mais le fait de le citer même dans sa négation le fait exister comme lorsqu'on dit le centaure. Chacun sait qu'il a deux bras et quatre pattes et pourtant cela n'existe pas !"

Charley Supper [sic] sur la p. Wikipedia de Réel, Symbolique, Imaginaire
Melancholia