mardi

Horezon


« Dans une grotte au fin fond de l'Amazonie, nos amis Jacques et Hélène ont découvert un coffre mystérieux. Il contenait deux anneaux bien étranges. Ils les ont accolés l'un à l'autre en prononçant le mot Shazzan. Ils se retrouvèrent transportés en quelque cité de l'Orient. Là, ils firent la connaissance de Shazzan, un génie. Il leur confia Kaboubi, un chameau volant. Shazzan viendra à leur secours chaque fois qu'ils l'appelleront, mais ils ne pourront pas rentrer chez eux tant qu'ils n'auront pas remis la bague à son propriétaire légitime. Alors commence un voyage extraordinaire. »

Je me suis réveillé ce matin avec ce souvenir d'enfance : deux anneaux brisés, lorsqu'ils sont réunis, forment le mot "Shazam" et font apparaître un génie. Ce dessin animé me fascinait (aussi parce qu'il permettait à un frère et une sœur d'invoquer ensemble une figure paternelle commune, ce qui me manquait lorsque j'étais enfant) mais je l'avais oublié, jusqu'à aujourd'hui. J'ai d'abord cherché "Shazam", parce que j'avais un souvenir plus sonore que visuel. Et, entre l'application de reconnaissance musicale et un super-héros de DC Comics, de fil en aiguille, j'ai retrouvé l'image des deux anneaux, et le mot, "Shazzan". Il y a juste une lettre de différence, quasiment inaudible, qui a peut-être créé la confusion, et l'oubli.



Je me demande si ce dessin-animé ne fait pas partie de ces souvenirs "modifiés" dont parle Pacôme Thiellement dans son texte (collaboratif) sur l'effet Mandela. Depuis des années, des centaines de gens recherchent en vain un film intitulé "Shazaam", qu'ils se souviennent avoir vu enfants. "Ils ont le souvenir d’une même intrigue et revoient encore l’affiche du film : elle est violette avec le titre Shazaam en lettres jaunes.". Pourtant, ce film n'existe pas dans la réalité, il semble né des songes enchâssés des contes des Mille et une nuits.

Aujourd'hui, entre l'application de reconnaissance musicale, le super-héros de DC Comics, et la vision de plus en plus apeurée qu'en a l'Occident, cette évocation merveilleuse de l'Orient, où les génies sont bienveillants, où tout le monde est magicien, où tapis et chameaux volent dans les airs, semble en effet surgie d'un autre temps, voire d'une autre réalité... Il fallait bien un rêve pour en retrouver le souvenir.