mardi

Men Machines


 « Quand j’ai découvert que j’étais sourde, au lieu de m’angoisser, ma première réaction a été la surprise d’entendre la vie, la vie intérieure. Quand tu es sourd, tu n’entends pas les sons extérieurs, mais tu entends tout ce qu’il y a à l’intérieur, que tu n’entends pas normalement : ton sang qui pulse, ton cœur qui bat... Ma première réaction a donc été de me dire "Ah c’est fulgurant cette vie qu’il y a à l’intérieur ! Je survis.". Et ma seconde réaction, a été de me sentir dans une bulle, dans un cocon, préservée, en sécurité. Je suis alors partie en convalescence en Haute-Savoie, dans un chalet, sans eau ni électricité. Là, j’avais une harpe, et je me suis soignée à l’intuition. Tous les jours, pendant près d’un an, je jouais de la harpe, et il y avait une sorte de frottement qui se passait. C’est la résonance osseuse : quand tu joues d’un instrument et que tu chantes la même chose, même si tu ne t’entends pas, il y a une espèce de résonance, de frottement entre les deux, et c’est à partir de ça, en travaillant quotidiennement, que je me suis soignée, sans  trop savoir ce que je faisais. Quand j’avais des acouphènes, je chantais la même note que l’acouphène dans ma tête, et hop, il partait. Je faisais des sons bizarres avec ma bouche. Ou de la psalmodie, comme dans les liturgies, en faisant résonner la voix. Et petit à petit, j’ai commencé à entendre plus, et puis c’est revenu. J’ai encore quelques lésions, je n’entends pas quelques hertz très aigus, mais ça ne me gêne pas, ni dans la vie, ni pour la musique, je fais avec. »
Emmanuelle Parrenin, extrait d'un entretien paru dans Usbek & Rica #4

 « En tant que musiciens, on joue des instruments, et on créé ce langage, le son, avec des guitares, des batteries, que l’on joue avec notre corps. Mais quand on ouvre la bouche et que l’on commence à chanter, on ne s’exprime plus à travers le corps, mais à travers l’âme. C’est une résonance à l’intérieur de nous, qui passe par notre cavité interne, notre diaphragme, nos cordes vocales : c’est une machine, très élaborée, très évoluée. Chacun porte en soi ce potentiel sonore, que nous utilisons pour communiquer, par le langage, mais quand nous chantons, ce son devient de l’art, un langage transcendant. Nous avons tous cette capacité et chaque voix est idiosyncrasique, différente, unique. C’est pourquoi aux États-Unis certains l’appellent « la harpe sacrée », parce que ce n’est pas une machine créée par l’homme, mais une machine dessinée à l’intérieur de nous par Dieu, un instrument sacré. » 
Sufjan Stevens, extraits d'un entretien à paraître dans 3 Couleurs



 « Nous concevons notre ensemble comme un organisme, un peu comme un corps humain. Chaque partie du corps a une fonction bien déterminée, mais ce sont leurs actions conjointes qui le font vivre. Dans le corps humain, tout marche ensemble : il y a le cœur, il y a le sang, tout est en mouvement perpétuel. Ce que nous recherchons est donc un mouvement interne à l'ensemble, mais qui doit être harmonieux. D'où le nom de notre formation, Le Jardin Harmonieux. »

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